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Le Forum Planète Bleue : Daphné Glaser, cela fait maintenant plusieurs années que nous vous connaissons et nous avons pu apprécier votre compétence et votre entière disponibilité, à chaque fois que nous vous avons sollicité pour participer à des débats publics, dans lesquels il était notamment question de corrélations possible entre les pollutions marines et une mise en danger de la santé des populations. C’est donc avec regret que toute l’équipe du Forum Planète bleue a appris votre départ pour Dakar !


Daphné GLASER : En réalité, ce n’est pas tout à fait un départ, je dirais plutôt un éloignement accru, si je fais référence au fait que je me suis occupée pendant 5 ans et depuis Bruxelles, du projet de création du Centre de Production d’Eco-Matériaux à Toulon (CPEM). En fait, même si le suivi et le montage du dossier ont pu en donner l’impression, je n’ai pour autant jamais vécu dans le Var. Pour en revenir à mon départ sur Dakar, il est naturel, selon moi, qu’en tant que développeur et une fois les autorisations administratives acquises et le Projet sur les rails, de passer le flambeau aux équipes commerciales et aux spécialistes de l’exploitation. Pour autant et même si je m’occupe maintenant du développement de projets de dragage sur l’Afrique de l’Ouest, je reste néanmoins toujours active en France, notamment sur les réflexions concernant la thématique de la gestion à terre des sédiments de dragage. Vous pourrez donc continuer à compter sur moi pour alimenter vos réflexions et participer à vos débats.


FPB : Pour en venir à nos préoccupations en matière de pollutions marines, nous nous rendons compte que la problématique coût est - à juste titre - presque toujours le premier argument mis en avant pour justifier les difficultés rencontrées lors des opérations de nettoyage et de dragage des fonds marins, ports compris. Or, comment expliquez-vous que la création du CPEM Var n’ait pas obtenu au départ plus de soutien que nécessaire, alors même qu’elle est une réponse pertinente au traitement et à la gestion des boues et sédiments pollués ?


Daphné GLASER : Pour être exacte, nous sommes en réalité soutenus maintenant par le plus grand nombre, puisque notre spécialité de « nettoyeur des fonds marins » est une noble cause. Au passage, vous noterez qu'aucune association environnementale ne s’est jamais d’ailleurs mise en travers de nos travaux. Au contraire ! Alors certes, nos "détracteurs" pourraient être l’industrie des carrières, l’industrie du déchet, certains intérêts particuliers... Pour être honnête, je reconnais que l’activité du CPEM peut effectivement chatouiller des équilibres économiques déjà en place, voire certains prés carrés... Mais reconnaissons qu’à cet instant crucial pour notre planète, qu’en regard des dégâts que nous avons infligé collectivement à l'environnement et face à un défi, où la survie même de l’humanité est en jeu, le Centre de Production d’Eco-Matériaux, notre CPEM, est résolument à l’avant-garde du combat et correspond point par point aux concepts liés à au principe d’économie circulaire. Sachant que la prise de conscience des nécessités d’apporter des solutions concrètes aux problèmes de gestion et de traitement des pollutions fait maintenant partie intégrante de la réflexion politique et sera au cœur des débats du COP 21.


Je conclurai donc de façon positive ma réponse, en vous disant que nous ouvrons un nouveau marché avec le CPEM Var et que nos détracteurs d’hier sont aujourd’hui nos partenaires.


FPB : Le 24 septembre 2015, aura lieu l’inauguration officielle du Centre de Production d’Eco-Matériaux (CPEM Var) auquel le Forum Planète bleue assistera. Pouvez-vous m’en dire plus ?


Daphné GLASER : Tout d’abord, permettez-moi de dire quelques mots pour vos lecteurs sur ce qu’est le CPEM Var. Je rappellerai tout d’abord que le traitement des sédiments est une activité qui doit idéalement être déployée au bord de l’eau. Ainsi, le Groupe de Jan De Nul installe ses centres, là où la contamination des sédiments est problématique pour les aménagements portuaires. C’est le cas de la rade de Toulon qui a souffert notamment du sabordage de la flotte durant la seconde guerre mondiale. Cette proximité maritime répond aussi aux besoins en dragage des très nombreux petits ports de la région PACA. Du point de vue structurel, le CPEM est équipé d’une multitude d’équipements pouvant répondre aux besoins spécifiques de chaque typologie et origine de sédiment et il faut savoir que le Centre est autorisé à recevoir et traiter les sédiments issus du littoral méditerranéen français et des rivières du bassin versant du Rhône. 


Pour en revenir à l’inauguration officielle du CPEM : elle est l’aboutissement de nombreuses années de travail et du temps passé à convaincre du bien-fondé d’un projet qui apporte une réponse pertinente aux nombreux besoins exprimés.


L’inauguration est l’occasion pour nous de reconnaitre l’excellent travail qui a été fourni par plus d’une vingtaine des collaborateurs de Jan De Nul/Envisan et nous allons en profiter pour rappeler et valoriser la contribution des 90 personnes externes à l’entreprise, qui ont participé au projet et qui sont issues de l’administration, des collectivités territoriales, des bureaux d’études, des entreprises de construction.


Je rappelle que c’est près de 5,5 millions que notre Groupe et nos partenaires financiers l’ADEME, Toulon Provence Méditerranée et la Direction Générale Entreprises ont investi pour construire ce Centre, en plus de ce que l’Agence de l’eau, la région Provence Alpes Côte d’Azur et Marseille Provence Méditerranée ont investi dans le Projet SEDIMED ... l’aboutissement du projet ne peut donc que se fêter dignement, d’autant que nous attendons la visite de son excellence l’ambassadeur de Belgique, son excellence l’ambassadeur du Luxembourg, celle des représentants du Gouvernement de la Principauté de Monaco, le ministère de l’environnement et le ministère des finances seront représentés quant à eux, par le Secrétaire Général de la Préfecture du Var, le Préfet Maritime, les élus de l’aire toulonnaise et de notre ville d’accueil, La Seyne-sur-Mer, les représentants du Contrat de Baie, les représentants du port... .


FPB : Le fait qu’ENVISAN soit une filiale du Groupe belge Jan De Nul - connu internationalement pour son expérience et ses compétences - aura-t-il était été un atout ou un frein à la mise en place du CPEM Var ?


Daphné GLASER : Comme vous le savez, les activités de Jan De Nul Group se découpent en 3 principales branches d’activité que sont les projets de dragage, le génie civil et les activités environnementales. Outre ses compétences reconnues, la particularité du Groupe Jan De Nul est d'être une entreprise prospère et indépendante - c’est ce qui fait notre force - avec un chiffre d’affaire annuel de plus de 2 milliards d’euros, 6500 collaborateurs, 78 navires de dragages, le tout avec un seul homme à sa tête pour la diriger... avec pour conséquence directe que les décisions se prennent vite et s’inscrivent dans la durée. Personnellement, je peux dire que c’est ce qui permet de rendre confortable et surtout crédible, mon travail de développeur.


Par ailleurs, malgré sa position de leader mondial, Jan De Nul Group fonctionne comme une belle PME et surtout reste une entreprise famille dans l’âme. Notre entreprise ne connaît pas de hiérarchie pesante, mais au contraire bénéficie d’une culture dynamique permettant de promouvoir une approche pragmatique et efficace. Cette culture sans détours nous permet de communiquer facilement et par déclinaison, cela permet une élaboration et une validation rapide des stratégies mises en oeuvre.


Enfin et il faut le souligner, tous les bénéfices sont réinvestis dans la société, ce qui nous permet d’être continuellement dotés des technologies les plus modernes, tant sur les dragues, qu’au sein de la Division Environnementale. En outre, ce réinvestissement permet d’offrir les solutions les plus pointues qui respectent au mieux l’environnement.


Pour autant, lorsque j’ai pris les rênes de ce Projet en 2008, Envisan et le groupe belge Jan De Nul, bien qu'européens, n’étaient pas très connus en France. Il a donc fallu à chaque fois faire la démonstration de nos compétences par la qualité de notre travail.


Alors, pour répondre honnêtement à votre question : oui, je suis désolée d’être obligée de le reconnaitre, mais le fait d’être un Groupe étranger nouveau en France a malheureusement été un très lourd handicap.


FPB : Le CPEM Var se veut d’être le partenaire privilégié des entreprises de travaux, de dépollution et de terrassement. Pensez-vous que les collectivités territoriales et les mairies se saisiront de l’occasion pour enclencher des programmes vertueux en matière de gestion et de traitement des sédiments marins pollués ? 


Daphné GLASER : Cette question a été au coeur de notre réflexion stratégique, avec pour résultat que notre Groupe n’a pas souhaité prendre en compte les filières de valorisation et les exutoires, dans l’élaboration du business plan préparatoire.


La raison est simple : au travers du CPEM, nous avons fait le choix raisonné de promouvoir les principes de l’économie circulaire, en incitant pour cela nos partenaires des Carrières et du Déchet, ainsi que nos futurs utilisateurs, à s’engager ou à continuer dans la pratique d’un cercle vertueux : « de vos déchets, nous fabriquons des produits que vous réutilisez dans vos constructions... ».


Au passage, je rappelle que la Belgique - via notamment le Groupe Jan De Nul - valorise déjà plus de 5 000 000 de m3 de sédiments de dragage par an en Belgique...  Question : si la règlementation européenne le permet en Belgique, pourquoi en France, ne  pourrait-on pas le faire ?


Maintenant, pour avoir rencontré un très grand nombre de responsables de collectivités et d’infrastructures portuaires - dont j’ai pu constater qu’ils étaient pour le moins attentifs à la lutte contre les pollutions et à la protection de la santé des populations - je pense pouvoir dire que nous nous acheminons à court et moyen terme sur une intégration dans leurs cahiers des charges, des clauses favorisant l’usage de matériaux recyclés.


Cela existe déjà pour les mâchefers, alors pourquoi serait-ce différent pour les sédiments, dont la qualité chimique est le plus souvent bien meilleure ? Sachant en outre que c’est la « clef » économique qui permettra de relancer tous les projets de développement portuaire mis en souffrance pour quelques mètres cubes de sédiments non-immergeables.


FPB : La problématique coût est un frein à la gestion et au traitement des sédiments pollués et bien souvent seules les grosses structures portuaires ou les municipalités aux moyens conséquents peuvent mettre en œuvre des opérations de gestion et de traitements conformes aux logiques de développement durable. Pensez-vous qu’une mutualisation des moyens au niveau territorial soit nécessaire pour résoudre le problème ?


Daphné GLASER : Je suis hydrogéologue de formation. Pour moi la qualité d’un sédiment est directement proportionnelle :


1) à la nature géologique du bassin versant dont il provient,

2) aux pollutions générées par les activités anthropique dans le bassin versant.


Mon avis est donc que le coût de gestion à terre des sédiments devrait être une affaire de bassin versant. C’est à ce niveau que la mutualisation devrait être organisée. Pour autant, cela n’empêche pas de réfléchir à la diminution des coûts, notamment en favorisant le réemploi des matériaux traités ou en favorisant l’implantation de centres comme le nôtre ou enfin, en faisant des économies d’échelles.


FPB : Le transport sur site de traitement est une charge importante dans les budgets des gestionnaires de ports, pour ne citer qu’eux. Comment pourrait-on diminuer cette charge ?

 

Daphné GLASER : Le transport des déblais de dragage vers le CPEM peut être fait par voie maritime ou par la route. Pour des grands chantiers de dragage, le transport maritime est le plus économique, car on peut amortir la mobilisation du matériel nautique sur un gros cubage. Pour les petits chantiers, le transport routier reste la solution la plus économique, malgré le fait que les camions ne peuvent pas être chargés au maximum étant donné la nature fluide des sédiments. La solution la moins chère pour ces ports réside certainement dans le groupement de commande qui permettrait de massifier les opérations.


FPB : Daphné, nous savons toute l’estime que vous porte Gilles VAUCOULEUR, le président du Forum Planète bleue, qui dernièrement encore se désolait publiquement de vous voir partir, tout en rappelant que vous avez été la pierre angulaire qui a permis au CPEM Var de voir le jour. Que peut-on maintenant vous souhaiter à titre personnel ?


Daphné GLASER : Gilles est un ami sincère et je le remercie pour la continuité de son soutien à un projet, dont le but est d’apporter des réponses concrètes et viables à long terme, en matière de gestion et de traitement des boues et sédiments pollués.


Personnellement, je suis très fière d’avoir guidé Jan De Nul et sa filiale Envisan au travers du paysage administratif et règlementaire français à toute fin de faire aboutir la réalisation de ce centre de traitement. Centre qui a pu voir le jour au cœur même, selon moi, de la plus belle côte maritime de France, tout en bénéficiant du soutien actif du premier Port Militaire de Méditerranée. A ce sujet, j'en profite pour souligner le soutien exemplaire de la Préfecture Maritime qui aura su nous épauler à chaque fois que cela aura été nécessaire pour la mise en oeuvre du projet.


En continuité de ce que j’ai accompli, je voudrais bien évidemement que nos efforts soient couronnés par un succès commercial et surtout, que le développement du CPEM participe concrètement à l’amélioration de l’état de la mer. A titre personnel, je souhaite pouvoir mener à terme d’autres missions toutes aussi passionnantes et complexes et aussi, d’avoir encore l’opportunité de pouvoir rencontrer des femmes et des hommes de convictions et de valeurs, attachés à la protection de l’environnement et à la défense de la santé des populations.


Comme mes amis du Forum Planète bleue !


Propos recueillis par Jean VAL

                                                                 

Daphné GLASER


Business Development Manager pour la division Dragage de Jan De Nul

Ancien Directeur Développement Sédiment et Dragage chez Envisan


ENVISAN (Membre de Jan De Nul Group - Division environnement)

Agence Sud

795, avenue de la 1ère Armée Française Rhin Danube

83500 La Seyne-sur-Mer, France

Tél : +33 4 94 94 10 60 - Mail : info@envisanfrance.com  - Site web : www.envisanfrance.com


Interview réalisée le 01/09/2015

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Inauguration du CPEM Var