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Le Forum Planète Bleue : Jérôme VIAUD, le département des Alpes-Maritimes a été très durement touché dans la soirée du samedi 03 octobre 2015, par un phénomène climatique aux conséquences dramatiques, tant du point de vue du nombre de victimes, que du point de vue économique et matériel. Tout d’abord, la Communauté d’Agglomération du Pays de Grasse a-t-elle été touchée et si oui, quel  est le bilan de cette catastrophe ?


Jérôme VIAUD : nous avons eu une pluviométrie exceptionnelle correspondant à une occurrence centennale, mais de moindre intensité par rapport à la zone littorale courant de Mandelieu à Villeneuve Loubet et jusqu’à la limite Biot-Mougins.


Heureusement, les travaux de lutte contre les inondations réalisés entre 2002 et 2012 par le Syndicat de lutte contre les Inondations de la Siagne et de ses Affluents (SISA, dont la Communauté d’Agglomération du Pays de Grasse est membre) ont démontré toute leur efficacité.


Pour preuve, le Grand Vallon à Grasse, le Saint Antoine et la Frayère à Auribeau/s, la Mourachonne à Pégomas et Mouans-Sartoux et la Siagne n’ont pas débordé, même si cela a été limite (+ 130 cm sur le Grand Vallon à Grasse). On note cependant quelques débordements ponctuels le long de quelques vallons : à Pégomas le long du gratte-sac, au plan de Grasse le long du St Joseph, le Béal à la Roquette/s.


Au final, cela n’aura occasionné que des dégâts mineurs, l’essentiel pour moi est qu’il n’y ait pas eu de victimes à déplorer sur notre territoire et que le tissu économique n’ait pas été touché. En tout état de cause, on ne peut donc que relativiser la réalité de nos dégâts par rapport à ce qui s’est passé sur d’autres communes du département. Surtout, je le répète, je suis très soulagé qu'il n'y ait pas eu de victimes sur le pays de Grasse. Ces morts injustes nous rappellent que face aux éléments, l’homme doit rester humble et l’élu que je suis en est pleinement conscient ! 


Le Forum Planète Bleue : en votre qualité de Vice Président du Conseil Départemental des Alpes Maritimes en charge de l’environnement pouvez-vous nous apporter une première réaction face à cette catastrophe et expliquer à nos lecteurs les premières mesures qui ont été prise par le Conseil Départemental ?


Jérôme VIAUD : tout d’abord, je tiens à rappeler que le département est particulièrement exposé aux risques d'inondations et que les phénomènes de débordement que connaissent les Alpes-Maritimes comme le reste de la région méditerranéenne sont liés aux caractéristiques du climat et du relief.


C’est pourquoi le Conseil Départemental s’implique fortement sur cette problématique, le Département étant tour à tour maître d’ouvrage d’études et de travaux, partenaire technique et financier de divers projets et pilote dans le cadre de programmes de développement et de recherche sur le risque inondation.


Pour en revenir à votre question, face à cet évènement cataclysmique - avec des précipitations enregistrées de 150 mm à Mandelieu et de 180 mm à Cannes en deux heures -, le Département a engagé dès la nuit du samedi 3 octobre les agents de la Force 06, qui est une structure spécialisée dans les urgences environnementales, mais aussi les services des routes et des parcs départementaux.


Je tiens à souligner que leur mobilisation a été remarquable !


Enfin, outre le soutien total et immédiat qu'il pouvait apporter aux communes en difficulté, le Conseil Départemental a décidé une aide de cinq millions d'euros pour  les communes et les particuliers les plus touchés par les intempéries.


Le Forum Planète Bleue : notre Comité d’Orientation a dénoncé le début de polémique au sujet au sujet de prétendues carences en matière de vigilance météo et d’alerte des populations, puisque la concentration des précipitations se fait sur une zone localisée et que ni les services météo, ni la Sécurité civile n’étaient - et ne sont - en capacité de le prévoir. Etes-vous d’accord sur cette position ?


Jérôme VIAUD : je suis tout à fait d’accord avec vous, sachant que la polémique est indécente lorsqu’elle s’exprime à un moment ou toutes les énergies sont mobilisées pour sauver des vies et les biens matériels. Ensuite, effectivement la catastrophe était impossible à prévoir en l’état ou si peu. Même si l’alerte orange a eu lieu, rien ne laissait supposer un tel déferlement et une telle concentration sur des zones aussi peu étendues par rapport au reste du département.


En l'état, une analyse de la météorologie et de la gestion de l’alerte doivent  être engagées face à des phénomènes exceptionnels. Ce travail va être réalisé par le Conseil Départemental en relation avec les services de l’Etat et les collectivités territoriales


En ce qui nous concerne, le SISA, en complément des travaux d’entretien, des grands travaux cités plus haut et des travaux d’urgence post-crue, a également mis un place un système de surveillance hydrométéorologique et un système d’alerte complet et efficace.


Des capteurs installés dans le lit de la Siagne et de ses affluents permettent une surveillance des niveaux d’eau en temps réel et une convention avec Météo France permet au SISA de recevoir les météo flash,  d’avoir la possibilité d’appeler un prévisionniste et d’obtenir les images radar de Collobrières en temps réel.


Ainsi, le SISA a contacté tous les veilleurs des communes ( Auribeau, Pégomas, Cannes, Mandelieu, Grasse, La Roquette) dès le vendredi 2/10 à 19H (un technicien d’astreinte a suivi l’évènement jusqu’à sa décrue et est resté en lien avec les communes) et a ainsi relayé l’alerte orange de météo France, les communes étaient donc en vigilance. En complément, le SISA a mis en place un système d’appel en nombre afin de contacter les populations exposées, la ville d’Auribeau a ainsi fait fonctionné le système.


Le Forum Planète Bleue : pensez-vous utile de mettre en place et de généraliser des cellules de crises territoriales sur les couloirs d’inondations et de submersions marines qui permettraient de coordonner dans les plus brefs délais, l’ensemble des moyens nécessaires pour répondre à l’urgence de la protection des populations, des biens et des infrastructures ?


 Jérôme VIAUD : cette organisation est normalement déjà mise en œuvre par les pompiers dans le cadre de l’activation des CODIS, il me semble toutefois, que la gestion de l’alerte doit être centralisée avec des moyens météo affinés par secteurs géographiques. Dans ce cadre, elle pourrait être ensuite déployée dans des cellules de crises territoriales pilotées par une gestion centralisée.


Du point de vue opérationnel et législatif, chaque mairie doit établir un plan communal de sauvegarde et à ce titre, il est prévu une gestion d’une crise. Actuellement notre « cellule de crise » sur le territoire est le SISA. Ensuite, chaque commune concernée possède sa propre cellule de crise via son Plan Communal de Sauvegarde.


Enfin, suite à la Loi NOTRe, les intercommunalités vont devoir assurer une nouvelle compétence dès 2018, la GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations). Cette compétence permettra de gérer la problématique à l’échelle d’un ou plusieurs bassins versants, via la création d’une structure unique de gestion globale du risque inondation. Concrètement pour le bassin versant de la Siagne, nous devrons travailler à 3 intercommunalités (CA du pays de Lérins, CA du Pays de Fayence et la CAPG) afin de gérer au mieux le risque inondation.


Le Forum Planète Bleue : en tant que maire et président d’une Communauté d’Agglomération estimez-vous nécessaire et souhaitable d’augmenter et de mutualiser les capacités et les moyens techniques, matériels et humains permettant d’intervenir au plus vite et au mieux pour gérer ce type de catastrophe ?


Jérôme VIAUD : il apparait absolument nécessaire de mutualiser les capacités et les moyens, cette réflexion doit être engagée au travers de la mise en œuvre de la loi sur le gestion de l’eau des milieux aquatiques et de prévention des inondations (GEMAPI).


Le Conseil Départemental va proposer d’anticiper la mise en œuvre de cette loi au 1er janvier 2017 par la création d’un établissement regroupant l’ensemble des structures compétentes à l’échelon départemental, en termes de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations. A une échelle moindre, une possibilité serait de mettre en place un Plan Intercommunal de Sauvegarde afin de coordonner et mutualiser tous les moyens disponibles sur le territoire. 


Personnellement, pour répondre aux dangers qui menacent notre communauté d'agglomération, j’ai souhaité désigner un vice-président chargé de la gestion des risques naturels et technologiques. Ce dernier connait parfaitement notre territoire et il a été formé à tous les types de catastrophes, dont les inondations. Cela implique qu’il accompagne notre service « environnement » dans la rédaction des divers documents règlementaires, qu’il soit associé aux communes lors de l’élaboration des plans communaux de sauvegarde et qu’il me conseille sur tous les problèmes de sécurité civile.


En parallèle, nous avons acté dans nos statuts la création d’une réserve intercommunale de sécurité civile dans le cadre d’un projet d’intérêt communautaire. Composée de personnes volontaires et bénévoles désireuses de s’investir au service de leur commune, elle a vocation à renforcer ponctuellement les moyens municipaux mobilisés pour faire face aux accidents et catastrophes affectant le territoire.


La mutualisation, en outre, des moyens des 23 communes tant humains que matériels, permettra ainsi de répondre plus vite et plus efficacement à l’attente de nos concitoyens.


Maintenant, il y a tout ce que nous pourrons faire avant et ce que nous ferons après la survenance d’évènements imprévus. Nous sommes conscients que - de par ses modalités de fonctionnement établis en parfaite concertation avec les services départementaux d’incendie et de secours ( je suis personnellement au conseil d’administration du SDIS 06) et avec la préfecture de notre département - cette réserve intercommunale a un intérêt de premier plan et la dernière catastrophe tend évidemment à nous le prouver.


Pour finir, s’il est clair que les maires (qui détiennent le pouvoir de police) doivent tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité de leurs administrés, la communauté d’agglomération doit, quant à elle, être en mesure de les aider. Et c’est bien ce que je me suis engagé à faire pendant la durée de mon mandat !    


 Le Forum Planète Bleue : Jérôme VIAUD nous savons que vous avez à cœur de donner la meilleure information possible a vos administrés. Or, la particularité du climat méditerranéen et les incidences du réchauffement climatique laissant augurer le retour, voir l’augmentation de la fréquence de telles précipitations météorologiques sur le département, êtes-vous d’accord avec nous pour dire, d’une part que la formation des populations aux risques d’inondations, d’érosions et de submersion doit être engagée et d’autre part, qu’elle doit être du ressort des municipalités, voire des Communautés d’agglomérations ?


Par ailleurs, en votre qualité de Vice Président des Alpes Maritimes en charge de l’environnement, nous savons que vous avez déjà travaillé sur le sujet. Quelle part souhaitez-vous donc prendre dans l’aide aux municipalités pour la mise en œuvre de ces formations a destination des populations ?

 

Jérôme VIAUD : la formation des populations face à ces risques est bien sûr indispensable.  Elle est déjà réalisée au travers d’un programme éducatif développé par le SDIS et doit être développée au travers des réseaux sociaux qui sont aujourd’hui les principales sources de communications de la population.


Maintenant, je vous informe que la Communauté d’Agglomération du Pays de Grasse (CAPG) a élaboré en 2011, en lien avec les communes de l’ex CAPAP, un DICRIM (document d’information sur les risques majeurs) qui est actuellement en révision et sera d’ici la fin de l’année élaboré pour l’ensemble des 23 communes de la CAPG. Ce document a été largement diffusé sur Grasse, via la revue municipale Kiosque, il est téléchargeable sur le site de la ville de Grasse et 2 réunions d’information ont également été organisées à l’époque. Ce document pédagogique permet aux administrés de se préparer pour faire face à n’importe quel risque naturel (inondation, feu de forêt, mouvement de terrain..) ou technologique.


Le Forum Planète Bleue : Le mot de la fin ?


Jérôme VIAUD : il ressort de cet épisode dramatique, qu’un travail doit être développé selon 3 axes :

 

1) Analyse météorologique du phénomène et conséquences sur la gestion d’alerte.

2) Audit des ouvrages (berges et digues) soumis à ce phénomène et gestion des débordements avec la prise en compte des embâcles.

3) Quelles conséquences sur la réglementation ( évolution des plans de prévention de risques inondation et de Programmes d’Action et de Prévention des Inondations)


Pour finir, je ferai remarquer que les dernières inondations démontrent, si besoin était, la nécessité d'une politique d'amélioration et de consolidation des berges, notamment pour éviter la création d’embâcles. C'est ce que nous avons fait avec la mise en oeuvre des travaux d’entretien de la Siagne et de ses affluents par le SISA pour un montant annuel de plus de 150 000 €.


Pour conclure, nous devons tous être attentifs à ne pas baisser la garde, car l’absence d’événements graves pendant plusieurs années contribue à faire oublier l’existence du risque, notamment aux populations des territoires concernés.


Propos recueillis par Jean VAL

  

Jérôme VIAUD


Maire de la ville de GRASSE


Président de la Communauté d’Agglomération du Pays de Grasse


Vice Président du Conseil Départemental des Alpes Maritimes en charge de l’environnement



Sites web : www.ville-grasse.fr  -    www.paysdegrasse.fr  -  www.departement06.fr


Interview réalisée le 13/10/2015

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