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Le monde contient bien assez pour les besoins de chacun, mais pas assez pour la cupidité de tous. (Gandhi)
CHRONIQUE DU 15/01/2016
Annus horribilis !
L'année 2015 aura été marquée par le début d’une guerre qui ne dit pas encore clairement son nom, mais dont l’idéologie est un fascisme islamique qui se caractérise avant tout par sa haine pour les autres religions et cultures, pour le savoir, le progrès, et par sa détestation viscérale de l'idée même d'égalité homme/femme.
2015 aura aussi été l’année des catastrophes climatiques et des pires craintes en matière d’environnement, mais elle se sera néanmoins terminée sur une note d’espoir. En effet, et n’en déplaise aux grincheux, médias partisans, politicards de tous poils et « je m’en foutiste » - célèbres ou non - la COP21 est un succès inespéré, même si c’est avant tout une déclaration d'intention de la part des états et qu’il faudra que l'accord soit traduit en actes dans les années à venir.
L’Accord de Paris indique au monde entier qu’il y a enfin une prise de conscience du danger réel qui menace à court terme notre planète.
Et ce n'est pas rien ! D'autant qu'en affichant clairement leur volonté de ne pas céder au fatalisme, les états signataires nous donnent des perspectives d’avenir. Un avenir qui ne pourra pas se construire sans un mode de vie plus solidaire, plus respectueux des droits des populations et de la planète : ce qui implique que nous devrons modifier nos comportements individuels et collectifs.
Par ailleurs, qu’on le critique, ou non, force est de reconnaitre que cet accord est le premier de l'histoire de l’humanité à être paraphé par l’ensemble des Etats, hormis quelques dictatures et autres pays producteurs de pétrole.
A ce sujet, il est plus que temps que la France ne se laisse plus aveugler par le mirage des pétrodollars et qu'elle ouvre enfin les yeux sur le vrai visage de ses « amis » d’Arabie Saoudite, voire du Qatar et consort.
Que ce soit sur la réalité de son (leur) implication dans la montée et le développement d’un islamisme radical, voir dans la logique de guerre larvée menée par les stratèges des phalanges de l’islamo-fascisme.
Ou que ce soit sur la sincérité de leur implication à préserver l’avenir de la planète et de son écosystème, dont l’Homme... .
En effet, comme tout le monde a pu le constater, l'Arabie Saoudite a tout fait pour tenter de bloquer les points d'avancée lors des négociations de la COP 21 et elle a fait un lobbying effréné - notamment auprès de ses débiteurs et divers obligés - pour ralentir l’indispensable transition énergétique.
Des esprits chagrins pourraient même voir aujourd’hui, dans la volonté de l’Arabie Saoudite de faire baisser le prix du baril du pétrole à un niveau historiquement bas, un moyen pernicieux de faire capoter toutes les bonnes résolutions prises à l’issue du la COP 21.
De fait, face une baisse aussi significative du prix du pétrole (même si le contribuable français ne s’en rend pas compte au niveau de son portefeuille, taxes obligent.) l’intérêt de développer des énergies alternatives et non polluantes deviendra un handicap économique, si des pays signataires continuent à faire du pétrole leur principale source d’énergie... .
Ceci étant dit, lorsque l’Arabie Saoudite s’exprime ou met en œuvre une dévaluation du baril de brut, elle le fait à quelques petites voix près au nom des pays de l'OPEC, qui sont les principaux producteurs de pétrole de la planète.
Pourquoi cette précision ? Parce qu’en ces temps de guerre larvée et de terrorisme aveugle, j’entends déjà des voix s’élever pour désigner les peuples et terres d’islam comme responsables de tous les maux à venir.
Sauf que ce n’est pas le cas, et pour s’en convaincre, il suffira d’établir la comparaison avec nos voisins et amis marocains (pour ne citer qu’eux) qui ont été à la pointe de l’engagement pour faire aboutir cet accord historique.
Maroc dont il faut souligner qu’il sera l’hôte de la prochaine COP 22 et c’est tout un symbole là aussi !
Pour en revenir au bilan de la COP 21 de Paris, je regrette néanmoins que la politique spectacle ait occulté la réalité des coulisses. Au risque de faire hurler les détracteurs du libéralisme économique ou du bon vieux capitalisme, je m’explique :
A l’abri des caméras, dans des salles feutrées à souhait, se sont aussi déroulés des conciliabules qui ne seront pas sans conséquences positives sur le combat pour la préservation de la Planète. Je parle par exemple de l'initiative "Mission Innovation" conduite par la Maison Blanche et Bill Gates, qui a été lancée à la COP21. Des milliards de financement pour les technologies bas carbone seront notamment versés par les géants du net. Il s’agit de l’engagement financier le plus massif de l’histoire pour développer des technologies bas-carbone, c’est à dire des méthodes de production d’énergie (notamment) qui émettent moins de CO2 que la combustion des énergies fossiles. Vingt-sept milliardaires de dix pays, rassemblés autour de Bill Gates, se disent prêts à financer les démonstrateurs de ces nouvelles technologies, dès que ceux-ci seront aptes à être testés. Dans le rang se trouvent les géants de Facebook, Mark Zuckerberg et d’Amazon, Jeffrey Bezos ou encore le fondateur du groupe Virgin, Richard Branson.
Certes, il y a encore des dirigeants accrochés à cette vieille notion, qui part du principe qu’il y a un nécessaire compromis entre développement et prospérité économiques d’un côté et action climatique de l’autre, mais il y a aussi maintenant une prise de conscience de plus en plus grande des coûts associés aux impacts du réchauffement et à l’inaction. Pour preuve, les puissants du monde entier aborderont cette semaine à Davos les risques liés au dérèglement climatique, et le sujet sera au menu du G20 cette année.
Toujours dans la dynamique de la COP 21, c’est aussi 1000 maires réunis à l’hôtel de ville de Paris qui se sont donné comme objectif de réduire de 33,7 milliards de tonnes les gaz à effet de serre en 2030. Une annonce d’une grande importance, puisque 70% des gaz à effet de serre sont émis dans les villes. L’ambition à long terme également affichée étant de parvenir à 100% d’énergie renouvelable en 2050.
A défaut d’être naïf ou par trop optimiste, c’est peut-être aussi cela « l’esprit » de la COP 21 !
Je ne peux finir sur 2015, en oubliant que les fêtes de fin d’année auront aussi été endeuillées par la disparition de Jean Marie Pelt*.
Humaniste, ardent défenseur de l’écologie urbaine et fondateur de l’Institut européen d’écologie, Jean Marie fut parmi les premiers à pointer les dangers de l’amiante et plus tard des OGM, il sut aussi alerter l’opinion grâce à une œuvre considérable et une présence médiatique singulière et proche des gens.
Lors du Forum Planète bleue expo de 2014, à Saint Raphaël, malgré son handicap et ses 80 ans passés, notre ami Jean Marie nous avait fait l'amitié de partager avec nous son expérience au sujet de l'importance de l'eau et des milieux aquatiques. Un pur moment de bonheur et d’espoir que d’écouter cet inlassable pédagogue de notre environnement, dont les motivations fraternelles et humanistes auront été les repères d'une vie toute entière consacrée à la défense de l'Homme et à son environnement !
Dire qu’un tόti, rafelenc d'adoption, avait souhaité barjaquer inutilement sur l’âge de notre ami… Anecdote mise à part, en ces temps où le consumérisme, l'égoïsme et l'individualisme sont religion et alors que la barbarie et l'obscurantisme refont surface, Jean Marie Pelt reste pour nous un phare et sera une conscience pour les générations futures !
Pour terminer, je voudrais exprimer 3 vœux :
Le premier est que 2016 soit l’année où tous les Conseils Régionaux prendront des décisions courageuses pour faire cesser la pollution des cours d’eau et des mers qui bordent le littoral français ; pour mettre un frein significatif à l’utilisation des pesticides ; pour éradiquer - autrement que par les mots - la prolifération mortifère des plastiques ; pour stopper le bétonnage des espaces naturels et de nos côtes afin d’éviter que se reproduisent les catastrophes que nous avons récemment vécues, suite aux inondations.
Mon deuxième vœu est que l’idée européenne ne soit plus synonyme de renoncements, d’incompréhensions, de distance croissante entre les peuples et les institutions ; que l’Europe ne soit plus victime d’enjeux politiciens stériles, mais au contraire que nous puissions reconstruire une Europe capable de se structurer pour nous défendre face aux dangers qui nous attendent ; une Europe créatrice de richesse et qui investirait dans la formation d'une jeunesse compétente et capable de relever les nouveaux défis du monde de demain ; une Europe gouvernée pour les peuples et non contre leurs traditions et leurs cultures ; une Europe enfin qui ne se mêle plus de vouloir tout réglementer - pour des raisons bien souvent obscures pour le commun des mortels - , mais au contraire une Europe qui représente un avenir qu’il nous est aujourd’hui difficile d’entrevoir, face à un monde qui bouge et qui évolue vite, bien trop vite pour nombre d'entre nous, et qui, par conséquent, nous effraie et nous pousse à nous recroqueviller sur nous-même.
Mon troisième et dernier vœu est que la classe politique dans son ensemble se remette en cause et qu'elle cesse de nous faire prendre des vessies pour des lanternes avec ses vieilles recettes, toutes censées nous sortir du marasme économique et sociétal, sachant qu’en 15 ans notre pays a réussi l’exploit de « fabriquer » 3,6 millions de retraités, 1 million de chômeurs et 400 000 fonctionnaires et que, dans le même temps, le nombre de créations d’emplois dans le secteur privé n’a pas bougé, alors même que c’est ce dernier qui finance la majeure partie des dépenses, qui augmentent de jour en jour.
Et à ce sujet, par pitié, que les politiques par souci électoraliste arrêtent aussi de fabriquer de la dette pour financer l’Etat providence, dette dont il appartiendra à nos enfants de la rembourser.
Car c’est d’eux qu’il s’agit avant tout, eux que nous avons sacrifiés sur l’autel de nos intérêts particuliers et exclus d’un monde du travail fait sur mesure pour des intérêts catégoriels !
Au nom de toute l’équipe du Forum Planète bleue, je vous souhaite une bonne et heureuse année. Et aussi que 2016 soit mis à profit pour que parents et enfants reprennent confiance dans l’avenir et qu’ils découvrent ou redécouvrent l’importance de leur environnement et la richesse de sa biodiversité !
Gilles VAUCOULEUR
Rédacteur en Chef du Forum Planète bleue
* En hommage à Jean Marie Pelt, nous avons choisi de faire un focus sur son intervention du 05 février 2005 au sujet des corrélations possibles entre pollution et santé.
Gilles Vaucouleur/
reprennent confiance dans l'avenir !
Pour 2016 : que parents et enfants
Gilles VAUCOULEUR
Président