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 Le monde contient bien assez pour les besoins de chacun, mais pas assez pour la cupidité de tous. (Gandhi)

CHRONIQUE DU 15/09/2015        

C'est la rentrée !


Entre les images de haine que nous envoient les égorgeurs de Daech et les faux-fuyants de la plupart des gouvernements européens, entre la sempiternelle défense de nos intouchables intérêts catégoriels et les incertitudes d'un monde surpeuplé qui nous inquiète un peu plus chaque jour, entre le cynisme de certains dirigeants de sociétés (lorsqu'ils expliquent sans rire qu'ils peuvent se goinfrer à plus faim) et la dure réalité que vivent des millions de nos compatriotes - et à fortiori les peuples les plus pauvres -, entre les tergiversations de nos gouvernants et le cri de désespoir des migrants qui fuient la persécution, entre l'aveuglement collectif face à la destruction de notre planète et le découragement visible des lanceurs d’alerte et autres défenseurs sérieux de l’environnement : je comprends qu'on puisse avoir une furieuse envie de partir se cacher au fin fond d'une île déserte.


Pas sur, pourtant, qu’on en revienne optimisme et serein....


Prenez mon cas : fin juin, nous étions en voyage d'études au Vietnam pour soutenir 2 projets de développement durable tenant compte des us et coutumes des populations qui vivent dans le delta du Mékong.


Tout d'abord, arrivé à Ho Chi Min, j’ai vraiment cru que j’allais suffoquer tant l’atmosphère était saturée par la teneur en gaz d’échappement, rejeté par les centaines de milliers de cyclomoteurs qui s’entrecroisent dans la ville.


Force aura été de constater, qu'au fil des années la situation empire, avec pour conséquence que maintenant la santé des habitants est gravement mise en danger. Sans compter que cette pollution atmosphérique se retrouve à un moment ou un autre dans les pluies acides qui contaminent  les mers qui bordent à cet endroit le continent asiatique.


Ensuite le mythique Mékong : là aussi, j’ai été effaré de constater dans quel état était ce fleuve nourricier, pollué par les innombrables plastiques qui s’accumulent partout sur les  berges, dans les arroyos et sous l’eau. Plastiques que nous avons retrouvés plus loin, au sein même de l’eco-système des mangroves du parc national de Xuân Thuy


Naïvement, j’ai tenté d’alerter nos amis vietnamiens sur cette pollution qui - outre l’aspect visuel qui dénaturait ces sites faisant partie du patrimoine mondial - contaminait la chaine alimentaire, avec les conséquences qui en découleraient inévitablement en termes de santé sur les populations. Et je leur ai bien expliqué qu’il ne fallait pas jeter leurs déchets plastiques dans le Mékong, comme il le faisait depuis l’aube des temps pour leurs déchets organiques, mais au contraire les ramasser.


Ils sont polis au Vietnam et donc ils m’ont patiemment laissé parler…


Mieux et pour me faire plaisir, ils ont même ramassé tous leurs déchets à la fin du repas et ils les ont mis en tas sur le devant de l’habitation de la famille, chez qui nous étions amicalement invités.


Sic transit gloria mundi…. qu’est ce que j’ai du avoir l’air imbécile, lorsqu’ils m’ont demandé ce qu’il fallait en faire ensuite, vu qu’ils n’ont pas de système de ramassage, ni de traitement des ordures !


Par ailleurs, que vouliez-vous décemment leur répondre, lorsqu’ils vous expliquent que les problèmes de pollution de l’eau et de la chaîne alimentaire passent bien après leur préoccupation de se nourrir au quotidien ?


Quant aux problèmes de santé liés à la pollution des eaux, ils ne pouvaient qu’être minimes en regard des innombrables cancers et malformations à la naissance : résultats des conséquences liées aux 80 000 000 de litres d’agent orange (surnom donné au défoliant) épandus par avion au-dessus des forêts vietnamiennes, par l'armée des États-Unis lors de la guerre du Viêt Nam.


Je ne sais pas vous, mais de notre côté, nous nous sentons souvent bien impuissants face à l'ampleur des dégats et ce, d’autant plus, lorsque nous tentons - avec la meilleure volonté du monde - de faire comprendre qu’il ne faut pas suivre les comportements liés aux modèles économiques occidentaux, puisqu’ils sont à l’origine de la pollution de la planète. Sachant, au passage, que l’explosion démographique et l’accès de ces jeunes populations à l’information/consommation (par le biais des téléphones portables avec accès internet) empêchent généralement toute crédibilité d’un discours en ce sens. Ce qu'on peut aussi aisément comprendre...


Pour terminer notre voyage d’études, nous avons posé nos sacs dans le village de pêcheurs de Phan Thiết.


Dans le port de pêche, les plastiques et les polystyrènes forment un tapis de plus de 50 cm de haut par endroit (cela se retrouve quasiment dans tous les petits ports de la région) et avec la chaleur, les polystyrènes commencent à se décomposer en moins d’un an, tout en dégageant des toxines qui perturbent le système hormonal des animaux marins ou qui peuvent provoquer des cancers.


Je ne vous dis pas ce qu'on ressent, lorsqu'on voit la tête des gamins - qui nagent d’un bateau à l’autre - apparaitre de temps en temps au milieu du magma d’immondices qui sert de liant à tous ces plastiques. C'est véritablement «l’horreur écologique» !


Un peu plus loin, en remontant vers les plages de Mui Ne, nous avons découvert un triste remake du livre « Un barrage contre le pacifique » de Marguerite Duras, sauf qu’au lieu de lutter contre la mer pour protéger les rizières, les vietnamiens cherchent à sauvegarder les revenus liés au tourisme, en essayant désespérément d’empêcher l’érosion des terres qui bordent la mer de Chine.


Pour cela, ils remplissent des sacs poubelles de sable, à toute fin de créer de pauvres et inutiles remparts contre les assauts de la mer et les submersions marines qui s’amplifient au fur et à mesure du réchauffement climatique. Ces mêmes sacs sont immédiatement emportés au large et moutonnent la mer, tel un essaim de plastique.


Il y a des jours où, quoi que vous essayez de faire, le moral vous tombe dans les chaussettes…


Pour autant, une prise de conscience politique apparait, mais elle se trouve confrontée à un manque de moyens évident et à l’obligation de mettre l’environnement en queue de liste des priorités. Ce qu'on doit aussi comprendre et admettre !


Pour clore sur le Vietnam, reconnaissons qu’il n’est malheureusement pas le pays le plus pollué et tout l’enjeu aujourd’hui est d’accepter d’aider concrètement (financièrement) les pays pauvres et émergents à poursuivre leur développement, tout en s’adaptant aux contraintes environnementales.


Sachant qu'en matière de pollution par les plastiques, les pays dits « développés » ne sont pas en reste, loin de là !


Pour prendre l’exemple de la France, nous ne recyclons seulement que 500 millions de tonnes de déchets plastiques, sur plus de 3 milliards de tonnes produites.


Où vont ces plastiques ? Pour partie on les retrouve dans la plaque de déchets du Pacifique Nord-Est, aussi connue sous le nom peu ragoutant de « soupe plastique » ou de « Huitième Continent » ou encore de « Grande zone d’ordures du Pacifique » et dont la taille atteint près de 3,5 millions de km². Cette immense soupe de déchets est constituée d’une multitude de micro-plastiques, d’un diamètre inférieur à 5 mm, qui sont en suspension à la surface ou jusqu’à 30 mètres de profondeur.


Un monstre dont la taille aurait déjà triplé depuis les années 90 et qui n'est plus seul maintenant, puisqu'une une plaque similaire a été découverte dans le nord de l'Océan Atlantique. Pour info, les observations de l’IFREMER ont révélé que l’océan pourrait contenir 750 000 débris par km² et Greenpeace de son coté évoquait même près d’un million de déchets par km² dans son rapport de 2006 sur les débris plastiques et la pollution des océans.


Enfin, une nouvelle étude des chercheurs de l'Institut Five Gyres en Californie avance maintenant le chiffre de 269.000 tonnes de déchets correspondant à une quantité équivalente à 5.250 milliards de particules de plastique dont une partie visible disparaitrait au fur et à mesure en se décomposant en micro particules, qui sont ingurgitées par des poissons ou d'autres créatures marines


Tous les écosystèmes océaniques sont donc contaminés, y compris les organismes marins, le zooplancton et les espèces vivant dans les sédiments qui concentrent les polluants organiques et altèrent le fonctionnement des chaines alimentaires.


Et que faisons-nous de concret pour nettoyer notre "merde de plastiques" ? Rien ou presque ! La principale raison évoquée : 70% des océans échappent à toute forme de juridiction territoriale. En clair, ce n’est pas chez nous et puisque la pollution se situe sur un espace commun à l’humanité, il est par conséquent difficile de se mettre d’accord et d’entreprendre des actions…


Je vais vous mettre dans la confidence : en écrivant cette chronique, je pensais égoïstement à ma petite fille qui va bientôt naitre à l'autre bout de la Planète, face à une zone d'océan encore en sursis, et je m'interrogeais en mon for intérieur pour savoir si je pourrai la regarder droit dans les yeux, le jour où elle me demandera si nous avons vraiment tout fait, l'échéance venue, pour protéger son présent et sauvegarder son avenir.


Les guerres perdues se résument bien souvent en deux mots : trop tard !


Je ne peux donc pas terminer cette chronique, sans dire quelques mots au sujet de la conférence sur le climat (COP 21) qui débutera fin novembre.


Personnellement, je ne suis pas un scientifique et je suis incapable d’affirmer que l’activité humaine est réellement la cause du réchauffement climatique ou si c’est un phénomène naturel. Par contre, ce que je sais pour l’avoir vu, c’est que nous sommes en train de détruire notre bonne vieille planète bleue, à une vitesse phénoménale.


Par la pollution de l’eau, tout d’abord, sachant que 80% des eaux usées dans le monde sont rejetées à la mer sans traitement.


Par les plastiques ensuite, comme nous l’avons vu précédemment.


Et aussi, par un phénomène moins palpable, moins visible, moins médiatique que le réchauffement climatique : je parle de l’acidification des mers et océans qui résulte d’une augmentation du CO2 due à l’activité humaine. Au passage, nous noterons, sans rire, que l’acidification pourrait réduire la capacité des mers et océans à absorber du CO2, augmentant ainsi la concentration de ce gaz dans l’atmosphère et aggravant son impact sur le climat....


En attendant, ce qui est sûr, c'est que l'acidification va détruire une grande partie de l’écosystème marin et de sa biodiversité.


Avec pour corollaire de mettre en danger la sécurité alimentaire de centaines de millions de personnes parmi les plus déshéritées, dont une grande partie vit exclusivement de la pêche et de son commerce.


Du coup, et même si on se "fout" de l’environnement comme de son premier téléphone portable, on pourra  néanmoins s’inquiéter de voir bientôt ces populations gonfler le flot de pauvres gens qui s’entassent à nos frontières…


Pour conclure et sans vouloir faire de mauvais jeu de mots dans l’intention de blesser les oreilles chastes de certaines bonnes âmes : on continue de tourner en rond en se mordant la queue, à la différence près que maintenant, ça va faire mal !


Gilles VAUCOULEUR


Rédacteur en chef du Forum Planète bleue

Gilles Vaucouleur/

 

sous tous nos plastiques !

La planète est en train de mourir

Gilles VAUCOULEUR

Président